Un article très intéressant, je trouve, sur le cépage Aligoté.
Source:
http://www.domaine-ponsot.com/ - Lien vers l'article en bas de page.
Ce vin blanc original est une rareté à plusieurs titres.
Tout d’abord, c’est un des rares premiers crus blancs de la Côte de Nuits, et c’est surtout le seul qui soit planté en blanc depuis le moyen âge.
Il tire d’ailleurs son nom de cette particularité, déjà inhabituelle à cette époque.
En effet, à l’automne, lorsque les feuilles des vignes évoluent, la couleur du pinot noir devient ocre, rouge, tandis que les ceps de blanc voient leurs feuilles se changer en jaune, en doré.
Or cette vigne de blanc est plantée très haut sur le coteau.
Dans le soleil d’octobre, ce carré de vigne d’un peu plus d’un hectare semble briller au milieu de la mer rouge des pinots de grands crus.
En haut de la colline, une parcelle luit : c’est le Clos des Monts Luisants !
En second lieu, ce vin est original car produit à partir de cépages différents.
A l’origine, les moines qui avaient pour eux le temps, ont sans doute essayé de planter différents cépages pour finalement décider que l’accord parfait entre le terroir et le cep de vigne serait en faveur de l’Aligoté.
D’ailleurs le cépage Aligoté a vu sa réputation ternie par le phylloxera, alors qu’il était utilisé partout en Bourgogne pour produire les plus grands vins.
Ainsi, sur les coteaux de Corton, de Meursault, de Chassagne et de Puligny Montrachet, l’Aligoté était planté sur le haut de la pente, tandis que le Chardonnay occupait la mi-pente et le replat.
Il est facile de comprendre ce choix, les vignes d’Aligoté étant plus aptes de par leur rusticité, à pousser sur des sols plus minces.
La perte de nombreuses récoltes à cause du phylloxera ayant entamé sérieusement les revenus des vignerons d’alors, ils ont cherché à se refaire une santé financière au plus vite dès que le greffage est apparu.
Comme le Chardonnay était réputé pour produire très vite de bons et beaux raisins, tout le monde replanta ce cépage du bas en haut sur tous les coteaux.
Mais les parcelles d’en haut mirent très longtemps à extraire le terroir….
Probablement encore plus que ne l’aurait fait l’Aligoté !
Le mal était fait et pour l’accentuer, toujours dans un souci de rentabilité, on planta des vignes d’Aligoté sur des terres à jardin, en bas des villages, où de tout temps, ne poussaient que pommes de terre, betteraves ou carottes.
Ce qui produisit un vin léger et si vif qu’on dû lui adjoindre des liqueurs de cassis ou de pêche pour le rendre buvable.
L’Aligoté était devenu un cépage de second rang… dommage.
Mais quelques vignerons décidèrent de conserver la tradition, fondée sur le bon sens, et replantèrent de l’Aligoté sur des terroirs nobles, notamment dans le Corton Charlemagne.
Et mon ancêtre William Ponsot décida de reconstituer le Clos des Monts Luisants comme il était avant le phylloxera. En 1911 donc il replanta des ceps d’Aligoté, ceux-là même qui sont toujours en productions aujourd’hui.
Au cours des années, mon Grand Père Hippolyte Ponsot essaya de planter un cépage très original, le « Pinot Gouges ». Il s’agit d’un pinot noir planté dans une vigne chez Gouges à Nuits St Georges, qui dans les années 30 subit une mutation.
Un cep qui donnait des raisins rouges depuis sa plantation se mit soudain à produire des raisins blancs…
Monsieur Gouges le reproduit par greffage, en planta une parcelle de ses Perrières, et en donna quelques plants à mon grand père qui les planta dans le Clos des Monts Luisants, en remplacement d’une vigne de Pinot noir, sous les Aligotés.
Cela constituait environ 15% de la production.
Nous avons gardé ces ceps jusqu’à la récolte 1992, pour les remplacer alors par du Pinot Noir.
Mon père Jean-Marie Ponsot planta du Chardonnay dans les années 50 sur environ 20% de la surface de production, en plus des Aligotés d’origine.
Ayant procédé pendant un dizaine d’année à des vinifications séparées des trois cépages, il est apparu évident que le seul apte à révéler le terroir était l’Aligoté.
Le Chardonnay a donc été arraché définitivement après la récolte 2004.
A partir de 2005, ce vin est produit uniquement avec de l’Aligoté, issu exclusivement des ceps de 1911.
C’est donc le seul premier cru de Bourgogne autorisé à être produit à base de ce cépage Aligoté, étant donné que lors de son classement de 1935 en AOC, les ceps étaient les mêmes que ceux d’aujourd’hui.
Enfin, sur le plan technique, ce vin est produit en moyenne à moins de 30 hectolitres à l’hectare.
Il ne fait quasiment jamais sa fermentation malo-lactique et nous ne l’y obligeons pas.
Il est élevé en fûts de chêne pendant deux ans, mais jamais dans des tonneaux neufs (seulement deux fûts de bois neuf en 1985, pour essayer…).
Il est mis en bouteilles sans collage et surtout sans adjonction de SO2.
Les grands millésimes demandent à vieillir, parfois jusqu’à plus de 30 ans. Par contre, les années où Dame Nature n’est pas généreuse avec la qualité des raisins, nous ne faisons pas de vin du tout, comme en 1993 par exemple.
En résumé, nous voulons absolument garder à ce vin son caractère original, issu de l’authenticité de son terroir, même si parfois, il peut choquer certains dégustateurs par sa vivacité dans sa jeunesse.
Nous n’aurons jamais la prétention de le comparer avec quoi que ce soit d’autre, mais nous souhaitons avant tout respecter la typicité et le terroir.
Il est à noter par ailleurs, que les vins rouges produits dans cette appellation par nos collègues ne sont vendus avec cette appellation que depuis les années 1980.
Il était de coutume avant cela de dénommer les vins rouges issus de ce terroir en Morey St Denis 1er cru, laissant la dénomination « Monts Luisants » au vin blanc, qui est à l’origine du nom.
Si l’appellation Morey St Denis Monts Luisants est utilisée par plusieurs vignerons le «Clos des Monts Luisants» est un monopole du Domaine Ponsot.
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